article 7
Elisabeth DUFRESNE, fille du Comte et de la Comtesse de Touchet :
Le bombardement du 14 juin 1944 à Vimoutiers a précédé l’arrivée à Vimer des survivants de cette tragédie.
Je voudrais évoquer ici l’étonnante ambiance qui allait régner à Vimer pendant les quatre mois de l’hôpital.
Du moment de douloureuse stupéfaction, vite disparu en chacun de nous, naissait spontanément un élan de solidarité dans la simplicité de rapports humains extraordinaires. En quelques jours, en quelques heures même, se formait une nouvelle famille : les Gens de Vimer.
Etait arrivé d’abord le Dr Boullard, puis venaient des religieuses de la Miséricorde de Vimoutiers, ainsi que quelques civils. Plus tard, grâce à la Croix-Rouge, une dixaine d’étudiants brancardiers, cinq autres religieuses de la Miséricorde de Caen ; puis les familles des deux frères de mon père (l’un, Antoine avait été abattu le 6 juin à la prison de Caen) ; ensuite venait de Paris, assistants et internes du professeur Fève, Mme de Liencourt, infirmière major ; enfin les nombreux blessés de tous les environs et pour finir les mourants allemands des derniers jours de la bataille.
Tout ce monde vivait en parfaite harmonie ! Les soignats ignorant la fatigue et les difficultés, donnant le meilleur d’eux-même, de tout leur coeur ; les soignés rassurés leur faisant confiance.
Après 60 ans, voilà le souvenir que j’ai gardé de cette tragique période, adoucie pour beaucoup grâce à l’incroyable élan de générosité, de bonne volonté : toutes mentalités, origines sociales, et âges confondus.
Que le souvenir de cet été 44 à Vimer rassure ceux qui doutent des hommes.
A circonstances exceptionnelles, hommes et femmes exceptionnels.
château de Vimer à Guerquesalles : accès aujourd'hui interdit au public.
Témoignage d’Elisabeth DUFRESNE recueilli par Didier Goret.
Journal de Guerquesalles du 19 juin 2004 « Vimer : un hôpital dans la guerre.»
