article 6
Paul Rébulard a 20 ans au moment de la Libération. Il est réquisitionné dans la journée par les Allemands comme mécanicien, d’abord dans la forêt des Moutiers-Hubert, puis près de Trun, dans une unité fabricant du gazogène.
Son premier travail, le jour du bombardement, est de récupérer, en tant que serrurier, des médicamemnst et du matériel de petite chirurgie dans le cabinet de l’autre médecin de Vimoutiers, le Dr Philippe.
Puis avec ses parents qui craignent un autre bombardement, ils déménagent leur atelier de réparation de machines agricoles chez M. Sénée, fermier à Vimer.
Deux nuits par semaine, Paul Rébulard, en pleine force de l’âge, aide les religieuses en tant que garde-malade, pour les transporter et les veiller.
« Tout se faisait à la lueur des bougies, dans une odeur insupportable de gangrène qui m’a poursuivie pendant vingt-cinq ans. Je me souviens particulièrement de la pauvre Mme Huard. Elle a agonisé durant quinze jours dans la chapelle. C’était horrible. Et puis, on s’endurcit parce qu’il n’y a pas le choix. »
Rapidement, il met ses compétences techniques au profit des victimes. Ainsi, pour réduire les fractures, les os ne doivent pas se toucher mais être maintenus proches. Paul Rébulard affûte des rayons de vélo pour servir de foret ; lesquels forets sont enfoncés à travers les membres, avec une chignole à main, l’ancêtre de nos perceuses actuelles, pour servir de support à des attelles en bois, tout aussi artisanales, que fabriquait M. Lecerf ; tout ceci avec seulement du calva comme anesthésiant !
Le traumatisme du bombardement est toujours prsent. M. Rébulard se souvient particulièrement de cette nuit où des avions ont survolés les toits du château à très basse altitude. Tous les blessés, quelque soit leur état, se sont roulés sous leurs lits ou dans un coin, complétement terrorisés. Il a fallu ensuite remettre chacun à sa place, dans l’obscurité, avec beaucoup de souffrances.
Pour se protéger des bombardements aériens, le comte de Touchet avait fait installer par ses enfants une immense croix rouge sur le toit, faite de draps et couvertures. Cette protection, en apparence illusoire, a cependant été efficace car l’édifice n’a jamais été touché.
Témoignage de Paul Rébulard recueilli par Didier Goret.
Journal de Guerquesalles du 19 juin 2004 « Vimer : un hôpital dans la guerre.»