La petite ville de Vimoutiers, dans l’Orne, située à la sortie du goulet de Trun et Chambois, allait mériter une place à part dans l’histoire des chars allemands en Normandie. On doit, en effet, à la commune et à un de ses habitants d’avoir préservé un des vestiges de cette aventure, en l’espèce un des quelques « TIGER » type E engagés. C’est d’ailleurs à la connaissance générale le seul char allemand qui subsiste en Normandie.
Le dimanche 19 Août 1944, plusieurs chars allemands se rendant à un dépôt d’essence installé au château de l’Horloge durent faire un détour par la route nationale menant de Vimoutiers à Gacé. Il y avait là des chars d’unités très mélangées sortant de la poche de Chambois. Ce détour fit que beaucoup tombèrent en panne sèche avant d’arriver au but. D’autres furent abandonnés avec des réservoirs à moitié pleins, sans que la raison précise nous en soit connue. Sur la N179 furent ainsi abandonnés un PzKpfw III, plusieurs PzKpfw IV et « Tiger » type E. D’autres se trouvaient sur la route de Canapville. Il y avait même là au carrefour de la route de Chambois-Argentan un des rares « Königstiger ». On évalue à soixante le nombre des chars abandonnés ces jours-là autour de Vimoutiers.
Sur la N179, dans un virage juste après le pont de la voie de chemin de fer, un « Tiger » de type E restait immobilisé au milieu de la chaussée. Avant de s’en aller vers l’Est, l’équipage plaça une charge explosive le long du cercle de tourelle, une autre sur le moteur. La double explosion n’allait que soulever un coin de la plaque de blindage du moteur et fausser la tourelle.
Quelques temps plus tard, le lourd engin était poussé par les bulldozers américains sur le bas-côté. Pendant plus de trente ans, le monstre allait rester ainsi, s’enfonçant peu à peu dans la terre du talus.
Un ferrailleur allait rapidement en faire l’achat. L’animal mort allait peu à peu être vidé, notamment de son énorme boîte de vitesse. Les gosses des environs s’amusaient sur le long tube.
En même temps, le « tigre de Vimoutiers » allait prendre le caractère d’une curiosité locale puis nationale, attirant les curieux de partout, qui se faisaient volontiers photographier dessus. Beaucoup récupéraient un morceau de la « Zimmerit » qui résistait autrement aux années. L’automobiliste non averti remontant du bourg avait la surprise de se trouver brusquement façe à la gueule menaçante du frein de bouche du 88, émergeant une sorte de bête préhistorique rouillée…
Le propriétaire du char étant mort, sa sœur hérita de ses biens. Sans doute n’avait-elle pas autant le goût de l’histoire que son défunt frère qui avait épargné la curiosité locale, alors que tous les autres chars abandonnés alentours étaient devenus depuis longtemps la proie des chalumeaux. Vendu au début des années 70 à un ferrailleur de Caen, notre « Tiger » faillit bien connaître le même sort. C’est en voyant un éclair bleu attaquer le blindage qu’un ancien de la division Leclerc alerta immédiatement la municipalité.
En octobre 1975, sous la pluie et dans la boue, l’énorme char fut extrait du bas-côté en deux heures sous la direction de Alain Roudeix. Ce n’était évidemment pas une mince affaire. Dans un premier temps, on déposa la tourelle. Il fallut ensuite sortir la caisse. Pendant qu’un bulldozer poussait « au cul », deux scrapers cabrés comme des chevaux sauvages tiraient la masse de ferraille sur la route. Puis l’engin fut installé sur un terrain aménagé presque au même endroit, sablé puis repeint par les soins de Alain Roudeix avec comme modèles des morceaux de véhicules peints d’origine. Le « Tigre de Vimoutiers » est à nouveau en repos, le canon tourné vers un ennemi qui ne viendra plus…
Classé monument historique le 02.12.75
Les chars TIGRE à Vimoutiers en 1944 :
Une terrifiante réputation. Une formidable machine de guerre.
Front russe 1942 – Une machine de guerre de 56 tonnes, lourdement blindée, construite autour d’un fantastique canon de 88 mm d’une portée de 2700 mètres et d’une grande précision, fait son apparition : c’est le char Tigre. Aucun autre char de la Seconde Guerre Mondiale n’allait gagner, au fil des batailles, une aussi terrifiante réputation, créant une incroyable psychose de peur parmi les troupes alliées en 1ères lignes. Et pourtant, ce symbole de puissance du IIIème REICH ne fut construite qu’à 1500 exemplaires alors qu’environ 50000 Sherman américains et plusieurs dizaines de milliers de T-34 (environ 40000) russes furent engagés dans les combats.
Chars TIGRE en mouvement :
http://www.dailymotion.com/video/x8q6qy
Le Sherman américain :

BRAVO ! très bel effort qui mérite un grand BRAVO ! sans tomber dans la trop simple extase devant un monument tel que le char tigre , saluons le courage de ces soldats , tombés , saluons le passé , oui saluons tout simplement la MEMOIRE ! n’oublions pas pourquoi des hommes se sont battus : pour notre Liberté !
ce char reste le symbole d’un combat qui sera toujours d’actualité . encore Bravo et merci
Bonjour, en effet, je suis un jour passé par Vimoutiers, cherchant ma route, et découvrant ce monstre au détour de la route, face à ce ’88′ meurtrier. On est à la frontière de deux mondes, l’un aux souvenirs terribles de feu et de sang, nous fait ô combien apprécier nos années de paix.